Né au Portugal, le peintre Ochico propose une œuvre où la couleur semble reine. Foisonnante ou réduite aux seuls noir et blanc, plane ou au contraire marquant sa présence par des amas et matières chromatiques, elle semble ici présider seule à l’élaboration et le destin des œuvres. Cette caractéristique donne toute sa richesse à l’ensemble de ces peintures qui dès lors témoignent d’une grande variété de styles et de références. De Pollock à Klein, les grands noms de l’abstraction chromatique habitent ainsi ces peintures où se pressent une recherche constante de cette couleur. Baudelaire écrivait dans ses Écrits sur l’art que l’artiste avait une cervelle de hameau. Contrairement à ce peintre de la vie moderne, l’artiste “classique” souffrait alors pour le poète d’un manque d’ouverture à la vie, au monde, aux hommes à laquelle il préférait le formalisme du “style” et l’enfermement dans les références indépassables de ce que l’historien François Hartog nomme l’historia magistra.
Chez Ochico, point de hameau. Son attachement à la couleur l’amène à explorer une diversité de formes et de matières qui garantissent à ses œuvres un renouvellement constant. Comme l’on dilue des pigments dans le liant pour faire de la peinture, Ochico se dilue lui aussi dans la couleur, suivant ses pistes et ses mouvements qui reflètent à leur tour les méandres de ses territoires intérieurs.
Bertrand Naivin